Extrait de "Les demeures du paraître". Edition du 19, Centre régional d'art contemporain de Montbéliard.
Dans ses dessins, Riveiro mobilise toute l’expérience artistique, intellectuelle
et émotionnelle qu’il a accumulée depuis son enfance. C’est
ce terreau qu’il cultive dans ses oeuvres aux crayons de couleur, au
crayon noir ou à l’oil-stick.
La description de chaque pièce est relativement
aisée. Ligne avant tout, plusieurs sortes de lignes, ligne qui
attaque et qui disparaît aussitôt, ligne qui se prolonge, ligne qui s’élargit
et se fait plage dans la mesure du possible, ligne qui plonge à un
endroit et ressurgit ailleurs, enfin la ligne qui revient sur elle-même,
va à côté arranger une petite affaire, poursuit une autre, se range en
parallèle sur le parcours de la voisine, engage un rythme, un intervalle,
finalement dessine une structure plus ou moins complexe, où
l’oeil, retenu une fraction de seconde, engage une reconnaissance de
formes. Ensuite vient la couleur. Elle est dans la ligne, mais aussi entre les lignes, elle remplit parfois les extrémités qui se rangent alors
en contour de la forme qui vient d’être identifiée. Nous assistons à
l’apparition des zones de couleurs qui diffèrent entre elles par leurs
degrés de discrétion.
Ses dessins ne sont en aucun cas une régression dans la puérilité.
Riveiro évoque souvent la figure de la plongée dans les strates
solidifiées de soi-même. La phase adulte de cette plongée n’est
autre que celle de l’émergence par les paliers des formes. Déjouer
les routines, pour un artiste passé par un long processus de l’auto
exercice, signifie fonctionner selon un programme de création
ouverte absolument sur tout. Ce n’est pas un appauvrissement, mais
au contraire un enrichissement quotidien des éléments constitutifs
du monde perçu. Si la perception est guidée par l’organe de la vision,
c’est ce qui constitue l’image en tant que telle qui s’additionnera dans
cette création sans fin. La création ouverte est la rencontre chaque
jour nouvelle, tantôt avec les qualités de rondeur, tantôt avec les
formes stridentes, une fois avec les espaces fermés, une autre avec
les ouvertures déchirantes. Et bien que personne ne puisse résister à
l’évocation du prime plaisir de découvrir la simple variété de crayons
de couleur dans une boîte, qui émerveille par l’optimisme du jaune, la
gravité de bleu foncé, la vitalité du vert, une fois cette boîte ouverte,
elle devient la corne d’abondance répandant sur le présentoir de la
feuille blanche le bonheur de l’inventivité.
Chez Riveiro, l’utilisation de la couleur dans le dessin à dominante
monochrome est toujours très rigoureuse. On voit bien que la liberté
dont l’artiste jouit d’habitude, verse ici dans un chemin qui peut mener
loin mais à condition d’en respecter les méandres. Le rapport entre la
composante grise ou noire et la composante en couleurs est régi par
une sorte de parcimonie chromatique qui permet tout de suite de
savoir sur quel terrain on se trouve.
Ce rapport nous informe que nous explorons les manières d’écrire.
Tout ce que le graphite permet, porte bien son nom grec "graphite"(en grec dans le texte, NDR).
Ecrire n’est pas colorer une surface. La surface dans le dessin de Riveiro
reste souveraine et reste elle-même. C’est sur elle que les éléments
tiennent, et non pas au détriment d’elle. L’écriture signifie tracer, ce
qui veut dire à la fois laisser une empreinte du matériau et délimiter un
parcours sur un plan. Riveiro expérimente les innombrables manières
qu’a le graphite de se déposer. De face, avec la pointe, de flanc avec
son côté. Légèrement ou lourdement. Machinalement et délibérément.
En amusement divertissant et en suivi attentionné.
(...)
Extrait de "Les demeures du paraître". Edition du 19, Centre régional d'art contemporain de Montbéliard.
Dans ses dessins, Riveiro mobilise toute l’expérience artistique, intellectuelle
et émotionnelle qu’il a accumulée depuis son enfance. C’est
ce terreau qu’il cultive dans ses oeuvres aux crayons de couleur, au
crayon noir ou à l’oil-stick.
La description de chaque pièce est relativement
aisée. Ligne avant tout, plusieurs sortes de lignes, ligne qui
attaque et qui disparaît aussitôt, ligne qui se prolonge, ligne qui s’élargit
et se fait plage dans la mesure du possible, ligne qui plonge à un
endroit et ressurgit ailleurs, enfin la ligne qui revient sur elle-même,
va à côté arranger une petite affaire, poursuit une autre, se range en
parallèle sur le parcours de la voisine, engage un rythme, un intervalle,
finalement dessine une structure plus ou moins complexe, où
l’oeil, retenu une fraction de seconde, engage une reconnaissance de
formes. Ensuite vient la couleur. Elle est dans la ligne, mais aussi entre les lignes, elle remplit parfois les extrémités qui se rangent alors
en contour de la forme qui vient d’être identifiée. Nous assistons à
l’apparition des zones de couleurs qui diffèrent entre elles par leurs
degrés de discrétion.
Ses dessins ne sont en aucun cas une régression dans la puérilité.
Riveiro évoque souvent la figure de la plongée dans les strates
solidifiées de soi-même. La phase adulte de cette plongée n’est
autre que celle de l’émergence par les paliers des formes. Déjouer
les routines, pour un artiste passé par un long processus de l’auto
exercice, signifie fonctionner selon un programme de création
ouverte absolument sur tout. Ce n’est pas un appauvrissement, mais
au contraire un enrichissement quotidien des éléments constitutifs
du monde perçu. Si la perception est guidée par l’organe de la vision,
c’est ce qui constitue l’image en tant que telle qui s’additionnera dans
cette création sans fin. La création ouverte est la rencontre chaque
jour nouvelle, tantôt avec les qualités de rondeur, tantôt avec les
formes stridentes, une fois avec les espaces fermés, une autre avec
les ouvertures déchirantes. Et bien que personne ne puisse résister à
l’évocation du prime plaisir de découvrir la simple variété de crayons
de couleur dans une boîte, qui émerveille par l’optimisme du jaune, la
gravité de bleu foncé, la vitalité du vert, une fois cette boîte ouverte,
elle devient la corne d’abondance répandant sur le présentoir de la
feuille blanche le bonheur de l’inventivité.
Chez Riveiro, l’utilisation de la couleur dans le dessin à dominante
monochrome est toujours très rigoureuse. On voit bien que la liberté
dont l’artiste jouit d’habitude, verse ici dans un chemin qui peut mener
loin mais à condition d’en respecter les méandres. Le rapport entre la
composante grise ou noire et la composante en couleurs est régi par
une sorte de parcimonie chromatique qui permet tout de suite de
savoir sur quel terrain on se trouve.
Ce rapport nous informe que nous explorons les manières d’écrire.
Tout ce que le graphite permet, porte bien son nom grec "graphite"(en grec dans le texte, NDR).
Ecrire n’est pas colorer une surface. La surface dans le dessin de Riveiro
reste souveraine et reste elle-même. C’est sur elle que les éléments
tiennent, et non pas au détriment d’elle. L’écriture signifie tracer, ce
qui veut dire à la fois laisser une empreinte du matériau et délimiter un
parcours sur un plan. Riveiro expérimente les innombrables manières
qu’a le graphite de se déposer. De face, avec la pointe, de flanc avec
son côté. Légèrement ou lourdement. Machinalement et délibérément.
En amusement divertissant et en suivi attentionné.
(...)